L‘interview de Pauline Martin

Quels sont les sujets qui devront faire l’actualité par­lemen­taire 2024–2025 ?

Dans un con­texte nation­al extrême­ment frag­ilisé, il est néces­saire de repren­dre cer­tains travaux inter­rom­pus par la dis­so­lu­tion, par­ti­c­ulière­ment deux textes qui, selon moi, relèvent d’une grande urgence. D’abord, le pro­jet de loi d’ori­en­ta­tion pour la sou­veraineté ali­men­taire et agri­cole et le renou­velle­ment des généra­tions en agri­cul­ture, en l’agrémentant de solu­tions pour les dif­fi­cultés con­jonc­turelles majeures que con­nais­sent en ce moment nos agricul­teurs. Ils m’ont red­it, durant la péri­ode esti­vale, atten­dre des répons­es de la part de l’Etat sur leurs sit­u­a­tions finan­cière, économique et sociale. Occupés par les travaux d’été, ils n’ont pas man­i­festé mais aucune solu­tion ne leur a été apportée depuis la dernière crise agri­cole. Il fau­dra égale­ment repren­dre le pro­jet de loi de sim­pli­fi­ca­tion de la vie économique sur lequel je me suis beau­coup investie. Les échanges avec les pro­fes­sion­nels du secteur privé, et mes vis­ites de sites d’entreprise du Loiret, ou encore mon activ­ité au sein de la Délé­ga­tion aux entre­pris­es du Sénat m’ont per­mis d’amender le texte avec prag­ma­tisme. C’est un texte très atten­du par l’ensemble des acteurs à en croire la fréquence des inter­pel­la­tions sur le sujet.

Quelles seront les urgences ?

Il suf­fit d’entendre ce que nous dis­ent les Français sur les marchés, toutes les semaines. Il y a trois sujets majeurs : la san­té, le pou­voir d’achat, et la sécu­rité. Notre camp poli­tique doit se regarder en face et con­stater ce qui a poussé les électeurs vers les extrêmes, et nous com­pren­drons alors qu’il faut apporter des solu­tions con­crètes et crédi­bles aux Français. A cela, j’ajouterais la préoc­cu­pa­tion con­stante des élus locaux sur l’inflation nor­ma­tive et la com­plex­ité admin­is­tra­tive.

Il nous appar­tient de mobilis­er notre énergie sur ce sujet de sim­pli­fi­ca­tion indis­pens­able à la survie de nos col­lec­tiv­ités. Je me demande si je ne me spé­cialis­erais pas sur ce sujet.

Il fau­dra, enfin, veiller à préserv­er les finances des col­lec­tiv­ités, bien trop sou­vent pointées du doigt par la Cour des comptes comme dis­posant d’un « bas de laine ». Ce dernier est néces­saire à la bonne ges­tion des Plans pluri­an­nuel d’investissements, et per­met aux élus de gér­er leur com­mune en « bon père de famille »… ce qui ne sem­ble pas être le cas de l’Etat.

Quels seront les enjeux par­ti­c­uliers au Loiret ?

Incon­testable­ment la san­té, il sera néces­saire que nous aboutis­sions à une propo­si­tion de loi sur la déser­ti­fi­ca­tion médi­cale avec le groupe de tra­vail que nous avons créé il y a 6 mois au sein de la majorité séna­to­ri­ale. Une décrispa­tion sur l’obligation d’installation sem­ble notam­ment s’opérer au fur et à mesure de nos échanges et de nos travaux. Aus­si, la baisse des effec­tifs sco­laires vient impacter dure­ment nos écoles rurales. Il va donc fal­loir assur­er le main­tien d’un équili­bre au sein de nos com­munes pour lesquelles l’école est bien sou­vent le poumon. La com­mis­sion cul­ture et édu­ca­tion, que j’ai inté­grée, devrait me per­me­t­tre de veiller sur l’égalité de traite­ment entre nos écoles rurales et urbaines. Enfin, les élus locaux sont les garants d’une ges­tion saine des col­lec­tiv­ités et d’un con­tact direct avec les habi­tants. Il est donc indis­pens­able que les par­lemen­taires œuvrent dans le sens d’une rela­tion de con­fi­ance entre l’Etat et les Maires, bien trop sou­vent oubliés, voire méprisés. Leur exper­tise est pré­cieuse, et cela par­ticipera par la même occa­sion à la sim­pli­fi­ca­tion des normes.

Bref, nous avons du pain sur la planche et de quoi mobilis­er notre énergie pour le ter­ri­toire Loiré­tain !

Pauline Mar­tin
Août 2024