Éditorial de la lettre bimensuelle n°111

Défendre la Défense

Si la crise san­i­taire avait lais­sé à nos con­tem­po­rains une impres­sion de sidéra­tion, les effets de la com­mu­ni­ca­tion fort peu diplo­ma­tique et les divers­es sor­ties et fâcheries du Prési­dent Trump, face aux caméras, nous lais­sent dans un état com­pa­ra­ble. 

Les chefs d’Etat qui défi­lent à la Mai­son Blanche y sont reçus avec une bien­veil­lance à géométrie vari­able. Le clash bru­tal de la ren­con­tre avec Volodymyr Zelen­sky, retrans­mis en direct par toutes les télévi­sions de la planète, en est une frap­pante illus­tra­tion. On ne peut que con­stater que cette forme de médi­ati­sa­tion à out­rance et sans grand dis­cerne­ment con­duit à la démesure, d’abord dans les paroles, par­fois, ensuite, dans les actes…Et les Tal­leyrand se font rares !

S’il faut rel­a­tivis­er les men­aces de con­flit mon­di­al et faire la part des con­sid­éra­tions de poli­tique intérieure dans le com­porte­ment des dirigeants, notam­ment européens, face aux annonces de désen­gage­ment de leur puis­sant parte­naire d’outre-Atlantique, on peut com­pren­dre le souci de par­venir à la con­sti­tu­tion d’une Défense européenne, mille fois promise et jamais véri­ta­ble­ment réal­isée, voire même entre­prise.

Les pour­par­lers du som­met de Lon­dres avec la présence d’une douzaine d’alliés européens de l’Ukraine, ce dimanche 2 mars, se sont con­cen­trés autour d’une ques­tion claire : com­ment con­tin­uer à faire face aux ambi­tions de Moscou, sans les États-Unis, qui ont accordé, en trois ans, 64 mil­liards d’eu­ros d’aide mil­i­taire, selon les chiffres offi­ciels ? La ques­tion est posée, sachant qu’en tout état de cause, l’aide mil­i­taire fournie par les parte­naires européens sera con­sti­tuée pour une bonne part de matériel, acheté à l’Oncle Sam, pour le plus grand prof­it du « com­plexe mil­i­taro-indus­triel » améri­cain.

Ironie con­jonc­turelle… ou struc­turelle,  le Roy­aume-Uni qui n’est plus mem­bre de l’Union européenne, devient la plaque tour­nante des négo­ci­a­tions et presque la pierre angu­laire d’une Union sacrée des nations européennes, même si nous retrou­vons autour de la table, le Secré­taire général de l’Otan, le Pre­mier min­istre cana­di­en et même le min­istre des Affaires étrangères turc, tous con­cernés, de près ou de loin, par ce con­flit, ses con­séquences et les enjeux géopoli­tiques sous-jacents. 

Avec, cepen­dant, chez tous ces alliés de cir­con­stances, s’agissant de l’Ukraine, l’espérance non offi­cielle­ment affir­mée, d’une per­spec­tive de cessez-le-feu et de négo­ci­a­tions mul­ti­latérales avec l’ensemble des par­ties intéressées.

Chez nous, dans ce cli­mat inter­na­tion­al ten­du, les pitreries de quelques députés, la pour­suite de guer­res d’ego picro­cholines ou les man­i­fes­ta­tions de rues pour plus d’avantages, appa­rais­sent quelque peu dérisoires.

Cela dit, la vie con­tin­ue ; indépen­dam­ment de divers con­flits qui agi­tent le monde et il con­vient, selon Voltaire, de con­tin­uer à « cul­tiv­er son jardin ».

C’est effec­tive­ment ce que nous nous efforçons de faire en assumant, comme cha­cun d’entre vous, les prob­lèmes quo­ti­di­ens aux­quels nous sommes con­fron­tés indi­vidu­elle­ment et col­lec­tive­ment et qu’ils nous appar­ti­en­nent, en tant que vos man­dataires de con­tribuer à résoudre…

Et, à cet égard, je ne serai pas la dernière, si vous me le per­me­t­tez, à saluer ce début du mois de mars con­sacré aux droits et à l’égalité des femmes. Ce sera l’occasion non seule­ment  d’insister, comme il est d’usage, sur ces droits, dont elles sont privées « ubi et orbi » sur une par­tie du globe, mais aus­si de met­tre à l’honneur leurs tal­ents, leurs engage­ments et surtout cette fac­ulté qu’elles ont de porter un regard atten­tif et prag­ma­tique sur l’ordre des choses quel que soit le désor­dre du monde…

Pauline MARTIN
Le 4 mars 2025