Éditorial de la lettre bimensuelle n°113

« La peur n’évite pas le dan­ger »

A cette anci­enne locu­tion française, répond la sen­tence de Win­ston Churchill : « La peur est de réac­tion, le courage, de déci­sion. »

Encore faut-il que, dans une société policée, la loi de la jun­gle ne soit pas la règle.

Lorsque le Rab­bin Arie Engel­berg racon­te qu’il s’attendait à devoir faire face à une agres­sion, ce sont bien les fon­da­men­taux de notre société qu’il nous faut inter­roger. Ce bru­tal événe­ment vient rap­pel­er que la vio­lence anti­sémite reste une réal­ité dans notre pays et que ces actes ont été mul­ti­pliés par mille depuis le 7 octo­bre 2023. Ce point, a été large­ment dévelop­pé lors de l’audition de France-Uni­ver­sité par le Sénat, il y a quelques mois. Il a même fait l’objet d’un échange vir­il, les séna­teurs s’étant opposés à l’excuse de minorité, invo­quée par leurs inter­locu­teurs uni­ver­si­taires. Les vio­lences fondées sur la haine religieuse con­tin­u­ent de nour­rir la divi­sion et cet état de fait doit ren­forcer notre engage­ment col­lec­tif à lut­ter con­tre toutes les formes de dis­crim­i­na­tion. Ren­dons hom­mage au courage de ce Rab­bin qui a fait face à l’agression, ain­si qu’à celui de son jeune fils qui, vive­ment applau­di lors de la man­i­fes­ta­tion du lende­main, a gardé son âme d’en­fant en ayant le sen­ti­ment d’être le héros d’Or­léans.

Autre fait d’actualité, Marine Le Pen vient d’être con­damnée, en plus d’une peine de prison, à 5 années d’inéligibilité, avec exé­cu­tion pro­vi­soire. Ce ver­dict a sus­cité immé­di­ate­ment une pluie de com­men­taires, étrange­ment con­trastés, selon les choix idéologiques des com­men­ta­teurs ; et la ligne de partage ne passe pas seule­ment entre chaque groupe représen­té au Par­lement, mais au sein même de plusieurs for­ma­tions.

Si cer­tains esti­ment nor­mal que l’intéressée soit tenue respon­s­able des actes com­mis sous son autorité, et que la peine, quel que soit son con­tenu, cor­re­sponde à l’ampleur du délit, d’autres « jugent » que la sen­tence vise exclu­sive­ment à bar­rer le chemin de l’Elysée à une can­di­date dont un récent sondage indique qu’elle est soutenue par un cer­tain nom­bre d’électeurs inscrits.

Enfin, les puristes qui s’appuient sur des textes lég­is­lat­ifs très clairs, s’étonnent que leur appli­ca­tion aille jusqu’à l’exécution pro­vi­soire pour une élue en exer­ci­ce… s’agirait-il de laver plus blanc que blanc ?

En tout état de cause, ce nou­v­el épisode judi­ci­aire, qu’il soit approu­vé ou con­testé par les citoyens, illus­tre, une fois de plus, la célèbre phrase de Georges Dan­ton, fig­ure de la révo­lu­tion : « Quand la poli­tique entre dans le pré­toire, la jus­tice en sort » …

Et puis il y a les cat­a­stro­phes, tou­jours présentes, dues à l’imprévoyances des hommes ou aux caprices de la nature.

Ce ven­dre­di 28 mars, un puis­sant séisme a frap­pé au cœur la Bir­manie, affec­tant aus­si la Thaï­lande et la Chine. Face à l’ampleur du désas­tre, le chef de la junte mil­i­taire bir­mane, Min Aung Hlaing, a sol­lic­ité l’aide de la com­mu­nauté inter­na­tionale. Au-delà des opin­ions que l’on peut pro­fess­er à l’endroit du régime Bir­man, les mil­liers de vic­times aux­quelles il faut mal­heureuse­ment s’attendre, imposent, comme à chaque fois que se pro­duit un cat­a­clysme, une mobil­i­sa­tion des Etats et des peu­ples, au nom de la sol­i­dar­ité.

 Cela vaut pour nos villes et nos vil­lages, lorsqu’il s’agit de faire cause com­mune face à de sem­blables tragédies, quelle qu’en soit leur ampleur. Sor­tir de l’individualisme, apanage de la moder­nité, pour retrou­ver les règles immé­mo­ri­ales de l’entraide, est un ras­sur­ant fac­teur de cohé­sion, dont notre pays — et notre planète — ont bien besoin.

Moins dra­ma­tique, mais sujet essen­tiel, s’agissant de l’avenir de nos ter­ri­toires : avec le print­emps éclosent les red­outés arbi­trages relat­ifs aux mod­i­fi­ca­tions de la Carte sco­laire, dans un con­texte de baisse dras­tique des effec­tifs. Si l’école con­tin­ue d’être le « cœur bat­tant » de nos com­munes, le manque d’élèves con­duit inévitable­ment à recourir à des cal­culs math­é­ma­tiques dont le résul­tat est rarement con­forme aux souhaits des Maires.  On peut com­pren­dre les argu­ments sécu­ri­taires et péd­a­gogiques de l’Education nationale, mais il ne faut pas oubli­er que nos élus, forte­ment impliqués dans la vie com­mu­nale, doivent être large­ment con­sultés sur le bien-fondé d’une fer­me­ture, ou d’une ouver­ture, de classe et cela, dans une per­spec­tive à long terme. Il y va de la survie de nos com­munes et tout par­ti­c­ulière­ment en milieu rur­al.

Avec le print­emps aus­si, nos villes et nos cam­pagnes repren­nent des couleurs. Prof­i­tons de nos man­i­fes­ta­tions, de nos foires et de nos marchés, pour entretenir le lien social. Celui-ci reste le meilleur remède à l’inquiétude général­isée que sus­cite le dis­cours anx­iogène actuel, puis­sam­ment relayé par le monde médi­a­tique…

Enfin, la com­mis­sion DETR a été réu­nie ce lun­di 31 mars en nous lais­sant un goût amer. Madame la Préfète ayant intro­duit la réu­nion en nous indi­quant que nous n’avions qu’un avis con­sul­tatif sur les dossiers sélec­tion­nés par ces ser­vices, dont la liste nous a été fournie en amont sans aucune men­tion des pro­jets non retenus. Si j’ai sou­vent ten­dance à souhaiter redonner plus de pou­voir aux ter­ri­toires et donc aux Préfets me voilà bien décon­fite en mesurant le dan­ger que cela peut représen­ter. En tout état de cause cette com­mis­sion ne sert à rien ! Il nous faudrait peut-être réfléchir à faire dis­paraître tous ces finance­ments au prof­it d’une DGF large­ment bonifiée et ouverte à tous afin de respecter le principe de libre admin­is­tra­tion des col­lec­tiv­ités ?

Et avec un peu d’humour… « même pas peur », de vous présen­ter la nou­velle ver­sion de notre let­tre qui va de pair avec un site inter­net remod­elé que nous vous lais­sons décou­vrir sans grand dan­ger, du moins nous l’espérons, de vous déplaire…

Par Pauline Mar­tin