Mercredi 11 juin, le Sénat a adopté une proposition de loi visant à garantir une solution d’assurance aux collectivités territoriales. Celle-ci a pour objectif de remédier aux difficultés rencontrées par ces dernières, notamment face au manque de concurrence sur le marché de l’assurance des collectivités et à l’accroissement des risques auxquels elles sont exposées (émeutes, climat).
Le texte vise à mettre en œuvre les principales recommandations d’une mission sénatoriale menée sur le sujet, qui pose trois constats clés :
- Un marché de l’assurance fortement concentré, résultat de pratiques tarifaires agressives ayant favorisé la constitution d’un quasi-duopole. Cette concentration crée un déséquilibre structurel au détriment des collectivités, qui se trouvent en situation de dépendance vis-à-vis des assureurs.
- Des relations contractuelles déséquilibrées, tant au moment de la passation des marchés (conclusion des appels d’offre) qu’au cours de l’exécution des contrats (multiplication des avenants, imprévisibilité des hausses tarifaires).
- Une aggravation de certains risques (émeutes, événements climatiques), qui compromet l’assurabilité de nombreuses collectivités, notamment celles situées dans des zones sensibles.
Les dispositions portées par la proposition de loi s’articulent autour de ces trois enjeux, en proposant :
Le renforcement de la concurrence sur le marché
- En créant un observatoire des tarifs assurantiels applicables au secteur public, dont la mission sera de recueillir et de publier des données objectives et régulières sur l’évolution des tarifs pratiqués par les assureurs à l’égard du secteur public, afin de renforcer la transparence du marché et de faciliter les comparaisons pour les acheteurs publics ;
- En confiant à l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) une mission de suivi spécifique au regard de l’objectif d’assurabilité des collectivités.
Le rééquilibrage de la relation contractuelle
- En étendant les compétences du médiateur de l’assurance aux différends liés à l’accès même à l’assurance, et non plus uniquement à l’exécution des contrats. Toute collectivité ne parvenant pas à se faire assurer pourra désormais saisir le médiateur, qui deviendra son interlocuteur officiel.
L’amélioration de la couverture des risques critiques
- En élargissant le champ de la dotation de solidarité en cas d’évènements climatiques ou géologiques (DSEC), afin d’y inclure les dommages subis par les biens des collectivités à la suite d’émeutes ou de mouvements sociaux violents.
- En créant une garantie obligatoire contre les émeutes, adossée à un mécanisme de mutualisation du risque inspiré des régimes CatNat et Gareat, reposant sur une garantie obligatoire intégrée aux contrats, et sur une surprime mutualisée alimentant pour partie un fonds prudentiel chargé d’intervenir en couverture des dommages majeurs.
À travers ces mesures, le Sénat entend garantir aux collectivités locales un accès durable, équitable et transparent à l’assurance, dans un contexte de montée des incertitudes et de forte vulnérabilité.