« Association de malfaiteurs » … ce chef d’accusation, repris par le jugement du tribunal correctionnel de Paris, vient immédiatement solliciter notre imagination et susciter en nous des images de braquages ou d’agissements de gros trafiquants, en bande organisée. Mais l’idée d’associer à ce qualificatif le nom d’un ancien président de la République paraît quelque peu incongrue dès lors qu’après douze ans d’enquête, il ne reste quasiment rien de l’accusation. Qu’à cela ne tienne… on incarcère, au risque d’engendrer, par cette décision, un « trouble à l’ordre public », bien réel, celui-là. Rappelons qu’en droit français, tout prévenu est présumé innocent jusqu’au rendu définitif du jugement ; l’exécution provisoire est donc parfaitement antinomique avec la présomption d’innocence…
Ne serions-nous pas en train de confondre les rôles de chacun ? Les juges se prendraient-ils pour des élus et prétendraient-ils sanctionner des élus du suffrage universel, dont les dispositions prises antérieurement leur auraient déplu ?
Et pendant ce temps, notre tout nouveau Premier ministre consulte et reconsulte, afin de former un gouvernement viable, susceptible de ne pas « sauter » dans les 3 mois à venir, sur fond d’équation budgétaire difficile à résoudre et malgré les arrière-pensées de partis, plus soucieux de leur avenir électoral que de celui du Pays.
Son style, fondé sur la sobriété, une évidente humilité et un souci d’efficience, a quelque chose de séduisant. On lui pardonne de prendre son temps. Son propos est visiblement de mettre un terme aux comportements d’un pouvoir lointain, de revenir à l’essentiel et de montrer que l’exécutif est au service des Français… et non l’inverse.
En même temps, cet actif et fin négociateur laisse la porte ouverte au compromis, s’efforçant d’apaiser les tensions et de renforcer « l’acceptabilité » des décisions à venir, par la mise en œuvre d’une « répartition » plus équilibrée des efforts, mais toujours sous le signe de la rupture et de la responsabilité.
Certes, le contexte est exigeant – instabilité politique, attentes sociales fortes, entrainant grèves et manifestations de rues, nécessité de redéfinir les priorités – mais le discours formulé révèle une volonté de donner du sens à l’action et de « faire autrement ».
Ainsi, l’annonce la plus symbolique – et politiquement forte – est celle de la suppression des « avantages à vie » dont bénéficient les anciens titulaires de ministères, dits « sensibles », à partir du 1er janvier 2026. Même si l’impact budgétaire d’une telle mesure est faible, le message qu’il porte est clair et attendu : ceux qui gouvernent doivent, eux aussi, consentir des efforts. Il en va de même des 6 milliards d’économies annoncés sur le train de vie du gouvernement. Ces modalités viennent rétablir une cohérence entre le discours sur l’obligation de rigueur, imposée collectivement et le laxisme réservé à la pratique institutionnelle…
Au plan local, nous pouvons nous féliciter de la création promise, à l’instar des « Maisons France Services », de « Maisons France-Santé », susceptibles de garantir au patient une offre de soins à moins de 30 minutes de son domicile. Il reste à connaître les conditions d’installation et les modalités de fonctionnement de ce dispositif.
Nous attendons également que les engagements pris en faveur d’une meilleure justice fiscale et sociale, incluant une intensification de la lutte contre la fraude, et les résistances internes aux ministères, surmontées.
En clair, les déclarations du Premier ministre témoignent d’une ambition revisitée : moins spectaculaire, plus pragmatique, portée par l’idée que l’Etat doit, avant tout, honorer ses principes devant le peuple. Espérons qu’il saura transformer ces intentions en réalités tangibles !
Ainsi, la coupure estivale n’a pas, pour nous, été vaine. Au-delà d’une actualité politique nationale dont nous avons pu mesurer le caractère « mouvementé », nous nous sommes attachés à « faire beaucoup de terrain », à écouter vos besoins et vos réactions, à démêler les problèmes et défendre vos intérêts, avec, toujours, le bien commun comme boussole, le bon sens, comme facteur d’analyse et le pragmatisme, comme règle d’action.
Et nous ne nous quitterons pas sans renouveler, ici, l’hommage sincère rendu à nos deux collègues maires, partis en cette fin d’été, suite à une longue maladie, pour Noël Le Goff, maire de Tigy, et d’un brutal arrêt cardiaque pour Jean-François Darmois, maire de Nevoy, ces deux serviteurs de l’intérêt général se sont dévoués, des années durant, sans relâche au service de leur commune, au point que l’on peut s’interroger sur la finalité profonde, par les temps présents, d’une telle dépense d’énergie, d’un tel sacerdoce. Toutes nos pensées vont vers leur famille endeuillée et leur équipe orpheline…
Pauline MARTIN
1 octobre 2025