Mardi 14 octobre, le Premier ministre Sébastien Lecornu a présenté sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale, tandis que le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, s’exprimait au Sénat. Dès l’ouverture de son discours, Sébastien Lecornu a affirmé une nouvelle méthode de travail visant une collaboration étroite avec le Parlement : « Le gouvernement proposera, nous débattrons, vous voterez ». Le coeur de son intervention a été l’annonce de la suspension de la réforme des retraites de 2023 jusqu’à l’élection présidentielle, avec la proposition de stopper provisoirement le relèvement de l’âge légal à 64 ans.
Il a ensuite annoncé un grand acte de décentralisation, qui sera formalisé dans un projet de loi présenté avant les élections municipales de mars 2026. Cette réforme reposera sur le principe de subsidiarité et sur l’ambition de donner aux élus « les moyens d’exercer leurs responsabilités ». Ce texte portera notamment sur :
- La clarification des compétences entre l’État et les collectivités
- Le transfert de responsabilités avec les moyens budgétaires correspondants
- L’identification d’un responsable unique (ministre, préfet, élu local) par politique publique
- Une réflexion ouverte sur le fonctionnement actuel des ARS
- Le rôle des élus locaux dans la gouvernance des hôpitaux
Plusieurs thématiques ont par ailleurs été évoquées :
Une trajectoire budgétaire stricte mais ciblée
La ligne économique du gouvernement reste celle de la maîtrise des dépenses publiques, avec pour objectif un déficit ramené sous les 5 % du PIB. Pour cela :
- Les dépenses de l’administration centrale (État et opérateurs) seront réduites
- Des organismes publics seront fusionnés ou supprimés
- Dans l’ensemble, les prélèvements obligatoires n’augmenteront pas
- La CVAE sera allégée pour les TPE et PME, une contribution exceptionnelle sera instaurée pour les très grandes fortunes, et la fiscalité des grandes entreprises sera légèrement augmentée
Les crédits alloués à la Défense, la Justice et à l’Intérieur seront augmentés.
Financement des collectivités :
- Les prélèvements sur recettes au profit des collectivités locales passeront de 50,42 Mds€ à 49,51 Mds€ (–1 Md€)
- La dotation globale de fonctionnement (DGF) restera stable à 32,58 Mds€
- Le FCTVA (Fonds de compensation de la TVA) progressera légèrement de 7,65 Mds€ à 7,87 Mds€
- Un fonds de sauvegarde de 300 millions d’euros sera créé pour soutenir les départements en grande difficulté financière.
Santé : une volonté de proximité
Face à la crise des déserts médicaux, le gouvernement engage plusieurs mesures :
- Aucune fermeture d’hôpital ne sera décidée en 2026
- 3700 docteurs juniors seront installés dans les territoires, dans le cadre de leur dernière année de diplôme d’études spécialisées de médecine générale
- L’ouverture de nouvelles officines sera facilitée dans les communes de moins de 2 500 habitants
- L’accès aux soins sera garanti à moins de 30 minutes pour chaque Français
- 2,3 milliards d’euros seront investis dans les hôpitaux en 2026
- 300 millions d’euros seront dédiés à la santé mentale
- Les dépenses de santé atteindront 5 milliards d’euros dans le budget de la Sécurité sociale
Ruralité, transports, transition écologique
Le gouvernement affiche une volonté claire de reconquête des territoires ruraux :
- Développement des services publics et commerces de proximité itinérants, sur le modèle des France Services
- Accompagnement des collectivités les plus fragiles à travers le programme « Villages d’Avenir »
- Renforcement des programmes « Action Cœur de Ville » et « Petites Villes de Demain » pour revitaliser les centres-bourgs
- Proposition d’une loi-cadre sur les transports qui fléchera les recettes des futures concessions autoroutières vers les mobilités durables, en particulier le ferroviaire
- A venir, une décentralisation des politiques d’eau, de mobilité et d’énergies renouvelables
Fermeté et clarté sur la question sécuritaire et judiciaire
- Application rigoureuse des OQTF (obligations de quitter le territoire français)
- Création d’un parquet national anti-criminalité dans le cadre de la lutte contre les trafics (application de la loi narcotrafic votée en juin dernier)
- Renforcement des pouvoirs de la police municipale et des gardes champêtres.

