L’interview de Hugues Saury

Séna­teur du Loiret — Con­seiller départe­men­tal — Secré­taire de la Com­mis­sion des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces Armées — Mem­bre de l’Assemblée par­lemen­taire de l’OTAN — Rap­por­teur du Pro­jet de loi relatif à la résilience des infra­struc­tures cri­tiques et au ren­force­ment de la cyber­sécu­rité.

Quel regard portez-vous sur les événe­ments inter­na­tionaux actuels ?

Nous vivons une péri­ode charnière et anxiogène,renforcée par l’élection de Don­ald Trump aux États-Unis. Ce dernier pèse sur la poli­tique inter­na­tionale. Le con­flit entre le Hamas et Israël en est un exem­ple évi­dent, mais on pour­rait égale­ment citer ses déc­la­ra­tions sur la guerre en Ukraine. Cette dernière sem­ble touch­er à sa fin, et je crains que les Ukrainiens soient défaits, que ce soit en ter­mes de ter­ri­toires ou d’adhésions(ce qui était con­testable) à des organ­i­sa­tions comme l’OTAN ou l’Union européenne. Toutes les guer­res sont absur­des, mais celle-ci l’est tout par­ti­c­ulière­ment. Tant de morts, de blessés et de déplacés, avec un tel dénoue­ment et de tels retourne­ments d’alliances, doivent servir de leçon.Malheureusement, dans ce con­texte, la faib­lesse de l’Europe est patente. Il est à crain­dre qu’elle ne joue qu’un rôle mar­gin­al dans les négo­ci­a­tions de paix et, plus tard, dans le proces­sus de recon­struc­tion.

Face à ces défis, la France a voté un bud­get de défense con­séquent. Toute­fois, bien qu’elle s’appuie sur une Base Indus­trielle et Tech­nologique puis­sante — faisant d’elle le deux­ième expor­ta­teur mon­di­al d’armement en 2024 – elle dis­pose d’une armée de qual­ité mais con­sid­érée comme échan­til­lon­naire. Ce qui se déroule aux fron­tières de l’UE et ses con­séquences devraient nous inter­roger sur ce qu’est aujourd’hui l’UE. Une Europe fédérale, avec ses 450 mil­lions d’habitants, aurait un autre poids. Il faut y réfléchir.

Quels sont les enjeux et attentes des élus du Loiret vis-à-vis de la PPL de réduc­tion de l’artificialisation dite TRACE ?

Tout d’abord, je pense qu’il y a un con­sen­sus sur le fait qu’on ne peut pas con­tin­uer à arti­fi­cialis­er les ter­res indéfin­i­ment, notam­ment pour des raisons agri­coles et envi­ron­nemen­tales. Mais le con­sen­sus existe aus­si con­cer­nant le développe­ment des activ­ités et de l’ur­ban­i­sa­tion raison­née de nos vil­lages. Ne plus con­stru­ire c’est à terme con­damn­er à mort de nom­breux ter­ri­toires. Il faut encore tra­vailler pour trou­ver le moyen de con­cili­er ces deux impérat­ifs. La loi actuelle ne répond pas à ces néces­sités.

Compte tenu de la sit­u­a­tion économique de la France, que souhaitez-vous dire aux maires ?

Je veux résol­u­ment demeur­er opti­miste. Je pense que notre pays dis­pose de tant d’atouts.Certes nous tra­ver­sons une péri­ode dif­fi­cile. L’un des prob­lèmes majeurs est notre dif­fi­culté à adopter des mesures impli­quant des efforts col­lec­tifs pour préserv­er l’intérêt général. La ques­tion du bien com­mun est essen­tielle et nous avons par­fois du mal à avancer dans une même direc­tion. Mal­gré cela, je suis con­va­in­cu que les dif­fi­cultés actuelles finiront par se résoudre et que nous repar­tirons de l’a­vant pour retrou­ver la place qui doit être la nôtre par­mi les nations du monde.

Quel est votre agen­da de tra­vail pour les prochains mois ?

Dans les prochains mois, même si mon tra­vail en com­mis­sion et les dif­férentes mis­sions qui me sont con­fiées (Com­mis­sion du secret de la défense nationale et Assem­blée par­lemen­taire de l’OTAN), me pro­jet­tent par­fois au loin, je reste au plus proche des élus Loiré­tains. Les sujets tels que la per­cep­tion par les com­munes d’une par­tie de l’IFER lors du renou­velle­ment des éoli­ennes, la cyber­sécu­rité ou bien encore la mis­sion d’information sur la présence des ser­vices publics en milieu rur­al dont j’espère faire par­tie, seront mes prin­ci­pales sources de tra­vail. Et puis bien sûr, je tra­vaillerai avec mon équipe sur les prochains textes inscrits à l’ordre du jour du Sénat.

Hugues Saury
Févri­er 2025