L‘interview de Hugues Saury

Com­ment analy­sez vous la sit­u­a­tion poli­tique depuis les élec­tions européennes ?

Il y a dif­férents élé­ments. Tout d’abord un regain démoc­ra­tique avec des taux de par­tic­i­pa­tions très élevés pour les dif­férentes élec­tions. Par ailleurs, la vic­toire du Nou­veau Front Pop­u­laire (NFP) au sec­ond tour des lég­isla­tives est en trompe l’œil. La majorité des voix s’est portée vers des for­ma­tions allant du cen­tre droit à l’extrême droite. Ces scores soulig­nent, selon moi, une volon­té de fer­meté dans les sujets régaliens de la sécu­rité et de l’immigration ain­si qu’une préoc­cu­pa­tion pour le pou­voir d’achat. L’Assemblée nationale est néan­moins divisée en trois grands blocs à côté desquels existe une qua­trième force, plus mod­este mais réelle, les Répub­li­cains. Cette divi­sion inédite rend de fait très com­plexe, sinon impos­si­ble, la com­po­si­tion d’un gou­verne­ment sta­ble.

Quelles con­séquences vous sem­ble avoir l’instabilité de la cham­bre et du gou­verne­ment pour les acteurs locaux ?

Les acteurs économiques, mais aus­si les élus de ter­rain, ont ressen­ti une inquié­tude vis-à-vis de l’absence de gou­verne­ment et, bien au- delà, de l’absence de cap. Il n’y a pas de pilote dans l’avion. De plus, je crains que les gou­verne­ments for­més ne puis­sent véri­ta­ble­ment se main­tenir au regard de la com­po­si­tion de l’Assemblée. Cette sit­u­a­tion est regret­table pour notre pays qui a besoin de mesures fortes.

Quel est le rôle du Sénat pen­dant cette péri­ode par­ti­c­ulière ?

Con­for­mé­ment à la Con­sti­tu­tion, le Sénat assure la per­ma­nence de la représen­ta­tion répub­li­caine. Face à la dis­so­lu­tion et à la majorité introu­vable à l’Assemblée, il appa­rait comme un pôle de sta­bil­ité dont a besoin la France. Enfin, notre cham­bre, par son mode d’élection, per­met de se faire l’écho des réal­ités vécues par les élus ter­ri­to­ri­aux. Des enjeux comme ceux de l’immigration ou de la répar­ti­tion du bud­get de l’État lors du pro­jet de loi de finances, sont appréhendés dif­férem­ment par les séna­teurs.

Quels sujets porterez-vous lors des prochains mois ?

Les fins d’années sont tou­jours mar­quées par le vote du bud­get. Mon rôle de rap­por­teur du pro­gramme d’équipement des forces de nos armées (P146), qui représente la moitié env­i­ron du bud­get de nos armées soit plus de 16 mil­liards d’euros, deman­dera un tra­vail très con­séquent. Je serai amené à audi­tion­ner de nom­breux acteurs, à éval­uer les moyens dévo­lus et à for­muler des con­tre-propo­si­tions afin de ten­dre vers la meilleure sit­u­a­tion pos­si­ble pour notre défense. Je présen­terai mon rap­port devant mes col­lègues séna­teurs. Par ailleurs je serai avec l’ensemble de mon équipe tou­jours investi pour les besoins du Loiret et de ses habi­tants. Je compte notam­ment défendre une répar­ti­tion plus équitable de l’impôt for­faitaire des entre­pris­es de réseau (IFER). Actuelle­ment, les com­munes pos­sé­dant sur leur ter­ri­toire des éoli­ennes antérieures à 2019 sont exclues des dis­posi­tifs qui leur seraient favor­ables, y com­pris lors du renou­velle­ment de ces éoli­ennes. Ce qui me sem­ble ni juste ni per­ti­nent.

Enfin, que retenir des Jeux olympiques et par­a­lympiques ?

Comme tout le monde j’ai vibré avec nos ath­lètes et été fier que la France mon­tre au monde entier un aus­si beau vis­age. Con­traire­ment à beau­coup d’élus et d’observateurs scep­tiques, j’avais dit mon opti­misme en amont de l’événement, car j’avais une grande con­fi­ance dans les forces de notre pays et dans l’expertise des organ­isa­teurs. L’élan et le rassem­ble­ment pop­u­laires autour de belles valeurs doivent nous inciter à être opti­mistes pour l’avenir de notre pays. En tout cas, je le suis, la France est grande lorsqu’elle en a la volon­té !

Hugues Saury
Août 2024