Communication institutionnelle et communication électorale : une frontière de plus en plus fine à l’approche des élections

À l’approche des munic­i­pales, la fron­tière entre com­mu­ni­ca­tion insti­tu­tion­nelle et com­mu­ni­ca­tion élec­torale devient de plus en plus fine. Si cer­taines pra­tiques sont formelle­ment inter­dites comme vue précédem­ment, à compter du 1er sep­tem­bre 2025, d’autres, bien que légales, sont tout aus­si risquées. Un change­ment dis­cret dans un bul­letin, une inau­gu­ra­tion sym­bol­ique, une série d’interventions dans la presse… et c’est toute la sincérité du scrutin qui peut être remise en cause. Car en matière élec­torale, les apparences comptent autant que les règles.

Pour éviter tout malen­ten­du ou toute sus­pi­cion, mieux vaut con­naître ce qui est forte­ment décon­seil­lé de faire.

Il est donc préférable d’éviter de mul­ti­pli­er les pho­togra­phies du maire dans des con­textes val­orisants, en par­ti­c­uli­er lorsqu’elles le mon­trent en sit­u­a­tion d’action : vis­ite de chantier, prise de parole sur un pro­jet ou dans un cadre insti­tu­tion­nel très vis­i­ble. Même si ces clichés ne relèvent pas d’une infrac­tion, ils peu­vent con­tribuer à con­stru­ire une image publique val­orisante, dif­fi­cile à dis­tinguer d’une com­mu­ni­ca­tion poli­tique.

Il est égale­ment décon­seil­lé de lancer de nou­veaux pro­jets ou travaux à forte vis­i­bil­ité dans les mois qui précè­dent l’élection. La con­ti­nu­ité de l’action publique est une néces­sité, mais ini­ti­er soudaine­ment un chantier d’ampleur, même s’il est jus­ti­fié sur le fond, peut être mal perçu. En effet, cela peut se retourn­er con­tre les maires, car autant les habi­tants n’en sont pas friands, puis l’opposition peut s’en servir con­tre eux.

De même l’attribution de sub­ven­tions excep­tion­nelles à l’approche du scrutin peut être prob­lé­ma­tique. Il ne s’agit pas d’interdire l’aide publique, mais de faire preuve de retenue dans sa tem­po­ral­ité. Une aide nou­velle à une asso­ci­a­tion, un club ou une ini­tia­tive locale, même fondée sur des critères objec­tifs, pour­rait être perçue comme une ten­ta­tive de séduc­tion élec­torale ou de con­sol­i­da­tion de sou­tiens.

Sur la forme, chang­er l’identité graphique des sup­ports de com­mu­ni­ca­tion nou­velle charte, visuels mod­ernisés, maque­tte rafraîchie peut sem­bler anodin. Pour­tant, dans un con­texte élec­toral, ce type d’évolution peut être assim­ilé à une opéra­tion de mod­erni­sa­tion de fin de man­dat. La sta­bil­ité visuelle reste donc la meilleure pro­tec­tion con­tre toute ambiguïté.

Enfin, une présence accrue dans les médias locaux, qu’il s’agisse d’interviews, de tri­bunes ou de par­tic­i­pa­tions à des événe­ments médi­atisés, pour­rait être inter­prétée comme une manière détournée d’occuper l’espace pub­lic avant l’ouverture offi­cielle de la cam­pagne. Il est con­seil­lé de se lim­iter à l’essentiel insti­tu­tion­nel, sans sur­jouer la vis­i­bil­ité. Ne pas trop en faire est le bon mot.

En résumé, il ne s’agit pas de se cen­sur­er, ni d’interrompre la vie munic­i­pale. Mais dans une péri­ode où chaque geste peut être observé, décor­tiqué et con­testé, la pru­dence est sou­vent le meilleur réflexe. Faire cam­pagne est légitime, mais encore faut-il veiller à ne pas jouer une stratégie poli­tique qui pour­rait finale­ment vous couter votre man­dat.