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Obligations du candidat
Le droit électoral français, en encadrant le financement des campagnes électorales, repose sur deux principes fondamentaux : la transparence et l’égalité.
Le principe de transparence impose à tout candidat se présentant dans une commune de 9 000 habitants ou plus de désigner un mandataire financier et de déposer un compte de campagne, lequel est contrôlé par la Commission nationale des comptes de campagne et du financement de la vie politique (CNCCFP).
Quant au principe d’égalité entre les candidats, il est garanti par le plafonnement des dépenses électorales autorisées et par le remboursement par l’État — pour les candidats ayant recueilli au moins 5 % des suffrages exprimés — des frais de propagande officielle ainsi que des dépenses électorales engagées sur leurs fonds personnels.
Pour les communes comptant moins de 9 000 habitants, les candidats ne sont pas tenus de nommer un mandataire financier, de déposer un compte de campagne ou de respecter un plafond de dépenses. En revanche, ils ne peuvent prétendre à aucun remboursement.
Choisir son mandataire financier
Un candidat ne peut désigner qu’un seul mandataire, et ce dernier ne peut représenter qu’un seul candidat pour une même élection.
Ensuite, le mandataire financier ou les membres du bureau de l’association de financement électoral doivent disposer de la capacité civile et ne pas faire l’objet d’une interdiction bancaire. Par ailleurs, certaines incompatibilités ont été prévues : le candidat, ses colistiers ainsi que l’expert-comptable chargé de viser le compte de campagne ne peuvent être mandataires financiers ni membres de l’association de financement.
Enfin, un candidat qui se présente à deux élections simultanément (par exemple, une élection départementale partielle organisée le même jour que les municipales de mars 2026) peut désigner le même mandataire pour les deux campagnes. Toutefois, cette pratique est déconseillée, car elle risque d’entraîner des confusions dans la gestion des comptes de campagne.
Comment déclarer son mandataire financier
Lorsque le mandataire financier désigné par le candidat est une personne physique, la déclaration de désignation doit être effectuée par le candidat auprès du représentant de l’État dans le département où il réside. Cette déclaration doit comprendre à la fois l’acte par lequel le candidat désigne son mandataire financier et l’accord formel de ce dernier pour exercer la fonction. Une fois la démarche accomplie, un récépissé est délivré au candidat ainsi qu’à la personne mandatée.
Le représentant de l’État transmet ensuite sans délai à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) les éléments d’identification du candidat et de son mandataire.
Lorsque le mandataire financier prend la forme d’une association de financement électoral, elle doit être déclarée conformément aux règles applicables aux associations de la loi du 1er juillet 1901.
Quand déclarer son mandataire financier
Le candidat doit désigner un mandataire financier au plus tard à la date d’enregistrement de sa candidature, soit généralement dans les semaines précédant le scrutin. Il est cependant fortement recommandé d’accomplir cette formalité le plus tôt possible. En effet, aucun fonds ne peut être collecté avant la désignation officielle du mandataire, sous peine de rejet du compte de campagne.
De plus, le mandataire devra ensuite rembourser les dépenses engagées directement par le candidat avant sa nomination, ce qui peut s’avérer complexe : certaines dépenses peuvent être oubliées, et des pièces justificatives risquent d’être égarées au fil du temps.
PS : Le candidat peut remplacer son mandataire financier en cours de campagne, à condition d’en informer la préfecture et l’établissement bancaire concernés. Jusqu’à la désignation du nouveau mandataire, le compte bancaire est temporairement bloqué. Les pièces relatives à la gestion du compte sont alors remises au mandataire sortant pour assurer la continuité et la transparence de la gestion financière.
Compétences du mandataire financier
Le mandataire financier est seul habilité à recueillir, pendant les six mois précédant le premier jour du mois de l’élection et jusqu’à la date de dépôt du compte de campagne du candidat, l’ensemble des fonds destinés au financement de la campagne électorale.
Il est également, sauf exception, le seul autorisé à régler les dépenses engagées en vue de l’élection et effectuées avant la date du tour de scrutin où celle-ci a été acquise, à l’exception de celles prises en charge par un parti ou un groupement politique.
À cette fin, le mandataire financier doit ouvrir un compte bancaire unique retraçant l’intégralité de ses opérations financières. Les comptes du mandataire sont annexés au compte de campagne du candidat (ou, le cas échéant, du candidat tête de liste). L’intitulé du compte bancaire doit indiquer que son titulaire agit en qualité de mandataire financier du candidat, désigné nominativement.
PS : Le candidat n’est autoriser à régler directement que de « menues dépenses ».
Utilisation des moyens de la collectivité
L’élu sortant peut continuer à utiliser les moyens de la collectivité pour exercer son mandat. En revanche, dès qu’ils sont utilisés dans le cadre de la campagne électorale, ces moyens tombent sous le coup de l’interdiction de bénéficier d’un don ou avantage d’une personne morale.
Ainsi, il est strictement interdit d’utiliser le véhicule de fonction pour se rendre à une réunion publique de campagne, le téléphone pour contacter un mandataire ou directeur de campagne, l’ordinateur pour rédiger des tracts ou courriels, ou les locaux municipaux pour accueillir une réunion politique.
De même, la contribution des agents de la collectivité pendant leurs heures de travail, qu’il s’agisse de collaborateurs de cabinet ou d’agents administratifs, constitue également un don interdit, sauf si elle intervient dans le cadre de congés ou autorisations d’absence.
Cartes de vœux
Le nombre d’exemplaires et la qualité d’impression doivent correspondre aux pratiques antérieures. Si la carte 2026 diffère trop sur le plan graphique de celle de 2025, le juge pourrait prendre en compte le coût de fabrication ; un budget équivalent à celui de l’année précédente est considéré comme conforme à la tradition. Elles ne doivent faire aucune référence à l’élection à venir et rester conformes aux années précédentes
Le contenu du texte doit également prolonger directement celui des cartes précédentes, et les signataires doivent rester les mêmes. Les cadeaux offerts par les collectivités à leur personnel à Noël suivent les mêmes règles : s’ils ont déjà été distribués les années précédentes, leur remise, même accompagnée d’une carte de vœux du maire, est tolérée.
Manifestations municipales
Les requérants soutiennent souvent que l’organisation de manifestations publiques par la commune dans les mois précédant le scrutin constitue un avantage accordé à l’élu sortant, candidat à sa réélection.
Mais le juge énonce un principe clair et protecteur des élus sortants : ne constituent pas des dons ou avantages accordés par une personne morale des manifestations culturelles dont la municipalité a pris l’initiative, ou auxquelles elle a accordé une participation, dès lors qu’elles n’ont pas été accompagnées d’actions destinées à influencer les électeurs, même si le maire sortant est présent.
Cette manifestation peut même être organisée pour la première fois avant l’élection, dès lors que ces nouveautés s’inscrivent dans le cadre habituel d’une politique municipale d’animation.
PS : Les inaugurations ne sont pas, par principe, interdites en période électorale.
Réseaux sociaux
Si le maire sortant a toujours alimenté son compte personnel (@PrénomNom) pour commenter l’actualité, il pourra en principe y évoquer sa campagne après le 1er septembre 2025.
En revanche, si le compte a été utilisé habituellement pour relayer des informations institutionnelles ou est promu avec des moyens publics, la CNCCFP avertit que cela pourrait constituer un concours prohibé d’une personne morale.
Dans ce cas, la sécurité juridique impose de créer un compte spécifique pour la campagne électorale.
Salles municipales
Les candidats y ont accès à condition qu’ils aient accès aux mêmes salles, dans les mêmes conditions d’horaires, de services et de tarification.
La gratuité peut même être accordée si une délibération du conseil municipal, affichée et connue de tous, le prévoit pour tous les candidats.
Financements interdits
L’article L.52–8 du code électoral interdit tout financement de campagne émanant de personnes morales, à l’exception des partis politiques. Sont ainsi prohibés les dons directs, les prestations offertes à prix réduits, ou les services fournis sans contrepartie, qu’ils proviennent d’entreprises, d’associations ou de collectivités. Le candidat doit donc refuser tout avantage financier ou matériel d’une entité constituée en personne morale, y compris les ristournes de commerçants bienveillants.
Affichage électoral autorisé
L’article L.51 du code électoral encadre fermement l’affichage électoral. Pendant les six mois précédant une élection et jusqu’à la fin du scrutin, toute affiche relative à l’élection est interdite en dehors des emplacements officiels et des panneaux d’expression libre. Or, ces dispositifs ne sont souvent installés qu’à partir de la validation des candidatures, soit quelques semaines avant le vote. En l’absence de panneaux associatifs, un candidat peut donc se retrouver sans solution d’affichage légal avant cette échéance.
Publicité électorale sur Internet
L’article L.52–1 interdit toute publicité commerciale à visée électorale par voie audiovisuelle, incluant Internet. Les candidats ne peuvent donc acheter ni bandeaux, ni pop-up, ni référencements sponsorisés sur des moteurs de recherche ou des réseaux sociaux à partir du 1er septembre 2025. Seules les publications organiques, adressées à un public volontairement abonné, demeurent autorisées.
Contacter les électeurs par téléphone
L’article L.49–1 du code électoral interdit les appels téléphoniques en série à compter de la veille du scrutin à minuit. Toutefois, les appels ponctuels, même de nature électorale, restent permis. Il est néanmoins recommandé d’informer les interlocuteurs de l’origine des fichiers utilisés. Cette disposition vise à encadrer les campagnes d’appel massives, tout en préservant le contact direct individuel.
Règles de communication des collectivités
Les collectivités territoriales doivent respecter deux obligations : ne pas favoriser un candidat par leur communication (article L.52–8), et ne pas mener de campagne publicitaire institutionnelle sur leurs réalisations à partir du 1er septembre 2025 (article L.52–1). Une communication neutre, informant objectivement des projets sans valorisation de l’élu sortant, demeure autorisée.
Compte de mandataire / compte de campagne
Tandis que le compte du mandataire correspond à un compte bancaire par lequel transitent tous les flux financiers durant la campagne, le compte de campagne du candidat est un formulaire de neuf pages, établi par la CNCCFP, qui récapitule, après coup, l’ensemble des dépenses engagées pour l’élection (à l’exception de celles de la campagne officielle) ainsi que toutes les recettes perçues, avec leurs pièces justificatives. S’il reprend les mêmes opérations que le compte bancaire du mandataire, le compte de campagne inclut également des informations complémentaires : les dépenses réglées directement par le candidat sans remboursement par le mandataire, les dépenses assumées au bénéfice du candidat par les partis, ainsi que les concours en nature fournis par les partis, le candidat ou des particuliers.
Plafond des dépenses
Dans les communes de moins de 9 000 habitants, les candidats n’ont pas d’obligation et aucun remboursement public n’est prévu. Dans les communes d’au moins 9 000 habitants, les candidats doivent respecter un certain nombre d’obligations.
Le code électoral prévoit, dans un tableau, le montant par habitant qu’une liste présente au premier tour peut engager pour chaque élection (ces montants étant majorés pour les listes présentes au second tour). Ce tableau est organisé par tranches démographiques (de 1 000 à 15 000 habitants, de 15 001 à 30 000 habitants, etc.). La première étape consiste à additionner les montants correspondant à chaque tranche. Ainsi, pour une élection municipale dans une commune de 20 000 habitants, il faut d’abord multiplier 15 000 par 1,22 (montant en euros par habitant pour la tranche « de 1 000 à 15 000 »), ce qui donne 18 300 €. Puis il faut multiplier le nombre d’habitants restant (5 000) par le montant applicable à la tranche suivante (5 000 × 1,07), soit 5 350 €. Le total obtenu à partir du tableau est donc de 18 300 + 5 350, soit 23 650 €. Ce total doit ensuite être multiplié par le coefficient d’actualisation de 1,23 applicable aux élections de mars 2026. Le résultat est alors de 29 089,50 €.
Nature des dépenses
Les risques liés au fait de ne pas inscrire certaines dépenses dans le compte de campagne (si la CNCCFP venait finalement à les considérer comme électorales) sont nettement plus importants que ceux encourus en les y intégrant par précaution. Dans la première hypothèse, la CNCCFP réintégrerait d’office la dépense omise, ce qui pourrait entraîner un dépassement du plafond autorisé et/ou un déficit du compte de campagne. Un tel dépassement ou déficit conduirait automatiquement au rejet du compte, impliquant, tout aussi automatiquement, l’absence de remboursement des dépenses par l’État. Cela pourrait aussi conduire le juge de l’élection à prononcer une inéligibilité et à une condamnation pénale pour minoration des dépenses. À l’inverse, inclure par prudence une dépense contestable ne peut aboutir qu’à une simple réformation du compte, se traduisant uniquement par une diminution du montant pris en charge par l’État.
Recettes autorisées
Un candidat peut faire appel à quatre types de financement. D’abord, des personnes physiques dûment identifiées peuvent effectuer des dons, dans la limite de 4 600 euros pour une même élection, ou accorder des prêts. Ensuite, les partis et groupements politiques peuvent apporter leur soutien en versant des fonds sur le compte du mandataire, sans plafond. Les fonds propres du candidat constituent une troisième source : ils ne sont pas limités et peuvent notamment provenir d’un emprunt contracté au nom du candidat (et non du mandataire) auprès d’un établissement bancaire situé dans l’Union européenne, avant d’être versés ensuite sur le compte du mandataire. Enfin, diverses recettes peuvent également alimenter le compte, comme les revenus financiers générés par le placement des sommes disponibles ou encore la vente, au prix du marché, d’objets publicitaires aux sympathisants (porte-clés, briquets, etc.).
Association de soutien
Seules certaines associations sont autorisées à contribuer financièrement à la campagne d’un candidat : celles ayant reçu l’agrément de la CNCCFP, c’est-à-dire les partis bénéficiant de l’aide publique de l’État ou les groupements qui se conforment à la loi du 11 mars 1988 relative à la transparence de la vie politique.
Le simple fait qu’une association se réclame d’un objet politique ne suffit donc pas à rendre sa contribution légale. Si elle n’est pas agréée, elle ne peut verser aucun fonds au candidat ou à son mandataire, ni fournir gratuitement des prestations en sa faveur (comme l’impression d’un tract, l’organisation d’une réunion de soutien ou l’envoi de documents de propagande).

