Fratelli Tutti
A chacun son conclave. A l’heure où notre Premier ministre prêche pour la bonne fin de celui des retraites, un autre, le vrai, séculaire et beaucoup plus empreint de solennité, s’ouvre sous les lumineuses voûtes de la Chapelle Sixtine.
Une élection qui ressemble à bien d’autres, même si celle-ci est censée être dominée par l’Esprit-Saint et donc devoir échapper aux combinaisons, tractations et autres discussions de couloir. Il est, en effet, probable que les tours de scrutin précédant la montée de la fumée blanche auront été préparés en coulisse, comme le veut tout recours aux suffrages d’une assemblée qui, pour être spirituellement inspirée, n’en reste pas moins humaine… Et chacun d’y aller de ses prédictions, évoquant, qui la continuité, qui l’alternance des « politiques » qui seront menées par le prochain Souverain pontife sur le Trône de Pierre.
Ce Pape, volontaire et courageux, considéré comme progressiste s’agissant du sort terrestre des hommes, et profondément respectueux des dogmes intangibles de l’Eglise du Christ, a fait souffler un vent de passion dans le monde et a eu le mérite de bousculer les pratiques et les routines. Sans mettre le feu à l’Institution, il a allumé en elle une flamme qui a réveillé les ardeurs sur toute la planète. Grand communicant et, à ce titre, évidemment controversé, il a lancé de nombreux chantiers qui, sans doute, n’aboutiront pas tous, l’inertie institutionnelle reprenant ses droits… Il a surtout remis de l’ordre dans les finances du Vatican et assaini la gestion du gouvernement, réformant de fond en comble la Curie avec, entre autres innovations, des nominations féminines d’importance, … sans oublier le renouvellement de près de 80% du collège des cardinaux, pour tenir compte de l’implantation, au plan mondial, de l’Eglise catholique.
Comparaison n’est pas raison, et les proportions ne sont pas les mêmes… Mais si nous recentrons nos regards sur notre propre environnement hexagonal, nous pourrions évoquer le sort d’un autre champion des médias, attendu et élu dans l’espérance et qui, huit années plus tard, une réélection bâclée, une dissolution, et six Premiers ministres, se trouve au plus bas dans les sondages, dans un pays en quasi-faillite. Ce résultat est l’effet d’une politique capricieuse, menée au jour le jour, fonction des impératifs du moment en termes d’image et rythmée par l’écho recherché des médias ; une politique évitant, autant que possible, toute décision susceptible d’engendrer peur et insatisfaction, quitte à distribuer des chèques que le pays ne peut plus honorer.
Alors que la colère gronde de toutes parts, la France espère faire nation autour d’une personnalité, au sens propre du terme, susceptible de présenter une vision, une stratégie et suffisamment de détermination pour aller au bout de ses convictions et de ses promesses… Cela se trouve encore, heureusement. Mais il ne faut plus perdre de temps.
« L’avenir commence aujourd’hui, pas demain » disait le Pape François.